Thursday, 27 October 2011

République bananière


Un système schizophrène, un peuple fatigué :
Depuis quatre ans, Sarkozy est accusé de pervertir l’esprit de la Ve République. Pour l’essayiste allemand Benjamin Korn, le président reste pourtant fidèle à l’héritage gaulliste. L’agitation en plus…



L’histoire de France est riche en séismes politiques et révolutions sanglantes ; des rois ont été renversés, le clergé évincé, l’aristocratie désarçonnée ; la bourgeoisie a pris le pouvoir et maté le prolétariat rebelle ; rien n’est resté – rien, si ce n’est l’immuable socle du centralisme. 

Il y a ainsi eu, sous Louis XIV, l’Etat absolu qui attachait à la Cour tous les aspirants au pouvoir afin de les surveiller de très près. Puis, sous la Révolution, le Comité de salut public [1793-1794] qui réprimait brutalement les tentatives locales d’autonomie. Et, aujourd’hui, la France se trouve gouvernée par un président qui jouit d’une puissance unique dans le monde occidental. Aucun Watergate ne pourrait le renverser.


 Depuis son premier jour au pouvoir, il contrôle, il nomme, il élimine, il centralise. Il domine la France avec l’aide d’une armée de préfets, qui, comme jadis les intendants du roi, imposent ses décisions dans les régions et les départements les plus reculés, décident de la construction de lignes à haute tension, sont chargés de lutter contre les crues et coordonnent la chasse aux immigrés clandestins, nouvellement à la mode. Ses ministres sont assis sur des sièges éjectables et, comme à la cour du Roi-Soleil, placés sous la surveillance constante d’un escadron de conseillers au service du chef de l’Etat. Toutes les initiatives découlent d’une “suggestion” du président, d’un“accord” ou d’une “entente” avec lui. 


Il est possible en France de débattre de l’existence de Dieu, du pouvoir des sectes, de la violence à la télévision et du sexe sur Internet – de tout, sauf d’une chose : la fin nécessaire de la Ve République. C’est pour moi un mystère de voir les Français, au pays de la Révolution, déplorer depuis des années que leur président ait les pouvoirs d’un “monarque élu” sans jamais rien tenter pour supprimer cette fonction. 



Qu’ils aiment ou détestent leur président, les Français ne peuvent vivre sans lui. Nicolas Sarkozy contrôle les sphères législative, exécutive et judiciaire. Séparer les pouvoirs au nom de la démocratie ? Pas en France ! Une fois élu, le président devient la réincarnation des tyrans absolutistes et sacro-saints d’antan. La France, pays de la Révolution, a décapité son roi, mais elle voue un culte à son président – je parle de la fonction, non de l’homme. 

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