L’âge lui-même, jadis protecteur, ne protège plus des atteintes policières. Cheveux blancs contre casque d’ordre, c’est l’apologue de la mésaventure survenue à deux paisibles retraités, âgés de 69 ans et 70 ans.
Ponctuellement, depuis des années, ils apportent, dans la même promenade, leurs économies à la BNP ; c’est leur banque et ils ont toute confiance dans la face de guichet qui s’occupe d’eux. Un jeudi du mois de mars 2006, événement, ils décident d’aller à la banque pour retirer un chéquier. Ce jour-là, le mauvais sort les guette. L’employé, souriant de son sourire systématique, leur remet le chéquier. Quel rapport, me direz-vous, avec la garde à vue ? Vous allez voir. Nantis de leur chéquier, ils font des chèques, dûment signés pour les achats de la vie quotidienne. Un rien peut faire dérailler la routine de vie la plus peignée. Tous les jours, à la même heure, le facteur passe, apportant son lot, sans surprise, de courriers attendus, essentiellement des factures.
Ce 15 octobre 2007, pour la première fois, un courrier administratif, une convocation de police sème la panique dans la boîte aux lettres endormies. C’est une convocation qui précise, comme d’habitude, « affaire vous concernant » au commissariat d’Athis-Mons, pour le 18 octobre 2007.
Déjà, le simple fait de recevoir une convocation angoisse, même lorsqu’on n’a rien à se reprocher. Surtout, peut-être, quand on n’a rien à se reprocher. Le coupable sait à quoi s’attendre, pas l’innocent ! L’un est parachuté en territoire connu, l’autre pas. À peine arrivés au commissariat, Christian et Madeleine sont placés en garde à vue pour escroquerie.
Laquelle ? Mon Dieu, ils n’ont jamais volé, même pas un jour de fausse maladie à la Sécu. Honneur aux dames, Madeleine est la première à subir la fouille intégrale : soutien-gorge et slip enlevés et inspectés par deux petites mains de policière pétrisseuse. On lui confisque aussi ses lunettes, qui ne lui seront même pas restituées au moment de signer le procès-verbal. Christian, chanceux, a droit à une fouille plus légère : il doit se déshabiller, mais conserve son tee-shirt et son slip pour subir la palpation policière des mains mâles. C’est tellement con que l’on aurait envie d’en rire, si ce n’était l’humiliation subie par ces retraités, qui pourraient être nos pères ou nos mères.
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