« La première impulsion pour commencer ce projet d’histoire orale fondé sur les témoignages des survivants du massacre de Sabra et Chatyla me vint pendant ces journées tragiques de septembre 1982, et c’était pour sortir de ce sentiment d’impuissance qui nous tenaillait face à tant d’horreur, et pour rappeler que le sang palestinien, libanais et arabe est égal à celui de tous les autres hommes. Le monde ces jours-ci, commémore à juste titre les victimes des Tours Jumelles mais les réfugiés palestiniens massacrés à Beyrouth, à peu près le même nombre, ont été totalement oubliés. Personne n’a payé, le principal responsable, Ariel Sharon, a même été défini par le président Bush comme un ‘homme de paix’ ».
Septembre 2004
Bayan el Hout –originaire de Jérusalem, élève de Edward Saïd, enseignante à la Faculté de Sciences politiques de Beyrouth depuis 1979- depuis sa maison tranquille de Beyrouth, proche du quartier de Fakhiani, cœur de la résistance palestinienne jusqu’à l’été 1982, raconte les motivations qui l’ont amenée à découvrir, vérifier et publier, d’abord en arabe et maintenant en anglais, non seulement les noms des 906 personnes tuées et des 484 disparus, mais aussi les circonstances de leur mort et la responsabilité du commandement israélien.
C’est difficile à croire mais jusqu’à présent personne n’avait jamais voulu savoir le nombre des victimes du massacre du 16 au 18 septembre 1982 dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatyla encerclés par l’armée israélienne : certainement pas le gouvernement de Tel Aviv, ni celui de Washington qui en arriva même à menacer le gouvernement belge de déplacer le commandement OTAN de Bruxelles à Varsovie s’il ne bloquait pas le procès intenté à Ariel Sharon ; certainement pas les gouvernements des USA, France et Italie qui, en septembre 1982, avaient en toute hâte retiré leurs troupes, laissant ainsi les camps de réfugiés sans aucune défense ; certainement pas les exécutants matériels des Phalanges libanaises, ni le gouvernement de Beyrouth aux fragiles équilibres et nullement intéressé par le sort des Palestiniens ; et pas même l’ANP, toujours prise dans des nécessités de plus en plus pressantes et tragiques, mais apeurée aussi par les pressions états-uniennes et israéliennes.
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