L'Europe n'est pas tout a fait une citadelle ni une forteresse, mais plutôt une sorte de piège à loup, qui se referme une fois qu'on y a déjà posé le pied.
Lorsqu'on va aux confins extrêmes de cette Europe qu'on se plait à présenter comme l'Eldorado des pauvres du Monde, on s'imagine trouver des fortifications et des herses, ou quelque chose qui ressemble à une barrière matérielle infranchissable. A l'endroit où, sur les cartes, sont dessinés des pointillés menaçants, on croit souvent trouver des pylones de métal, plantés dans le sol et reliés entre eux par des barbelés.
Nos cours d'histoire sont remplis de ces images romantiques d'empires enfermés derrière des murailles infranchissables, seules défenses face à l'ennemi : le mur d'Hadrien, la muraille de Chine, le rideau de fer ou le mur de Berlin. Nous avons grandi avec l'idée que les puissances ont besoin de pierres et de barbelés pour s'enfermer. Notre représentation du Monde contemporain, alimentée par des images de guerre et de terreur, part du principe – archaïque - qu'on arrête les hommes avec des murs et des canons. Pourtant il n'en est rien. Les frontières de l'Europe sont translucides, immatérielles, invisibles. Et la guerre livrée à « l'envahisseur » est imperceptible et silencieuse.
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