Le soleil déclinant inonde d'or les vignobles du Madiran qui encerclent le village où j'ai garé mon tank d'un autre âge. Il me reste une paire de boîtes aux lettres à honorer de mon tract de campagne avant de pouvoir mettre pied à terre et entreprendre d'harnacher mon fidèle coursier sur la plage arrière. Il fait plutôt beau pour un début mars, même si je renonce le plus souvent à retirer mon polaire, malgré le coup de chaud que me procurent les rudes montées escarpées de Gascogne. Deux jours que je pédale dans le cœur de la production viticole du canton. J'ai couvert l'essentiel des maisons du terroir, y compris les petites fermes paumées au milieu de nulle part.
Comme souvent, la boîte aux lettres n'est pas au bord de la route, mais en contrebas dans un petit chemin privé escarpé. J'ai ma journée dans les mollets et je ne me sens pas capable de remonter la pente en pédalant. J'abandonne donc mon vélo sur place et commence à descendre de cette drôle de démarche un peu raide qu'ont les cow-boys qui ont trop longtemps fait corps avec leur selle. De derrière le corps de ferme, un tracteur surgit à grand bruit de moteur. Je fais signe au paysan juché dessus, histoire de lui dire que ce n'est pas la peine d'arrêter son moteur assourdissant, que je vais juste à sa foutue boîte aux lettres. Bien sûr, il préfère éteindre son monstre éructant. Je suppose qu'une femme en cuissard qui avance dans le crépuscule est une honnête distraction de son labeur quotidien.
C'est pour les élections, je distribue la propagande.
Vous êtes la candidate ?
Oui.
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