Europol, l'office européen de police, permet le fichage de toutes les personnes condamnées dans l'UE, mais aussi des simples suspects. Un mécanisme aisément détourné contre de nombreux mouvements contestataires.
A l'avenir, les services de sécurité étrangers pourraient s'en prendre encore plus souvent à des ressortissants d'autres Etats sans passer par la voie des tribunaux. Le Conseil de l'UE plaide en effet pour la mise en place d'un programme d'échange de données bien plus vaste que l'actuel système de coopération entre pays membres. La création de l'agence de police communautaire (Europol), le 1er janvier 2010, a donné lieu à l'ouverture d'un grand centre d'analyse à La Haye. C'est là que sont exploitées les données personnelles de citoyens de l'UE et de là qu'elles sont ensuite transmises à des pays membres d'Europol et de pays tiers. Il est explicitement prévu qu'Europol ne reçoive pas seulement des informations concernant des personnes condamnées mais également les données de toute personne jugée suspecte par n'importe quel service de sécurité. A l'heure où le crime s'organise à l'échelle mondiale, on pourrait se dire que ce n'est pas une mauvaise idée. Mais il se trouve que depuis quelques années les agences de sécurité nationale s'échangent essentiellement des informations sur les agitateurs politiques. Les dernières révélations concernant l'histoire de taupes infiltrées dans les milieux protestataires britanniques et allemands ne sont qu'un aperçu du système d'échange d'information entre pays européens.
Tous les agitateurs fichés En Europe, tous ceux qui prônent la désobéissance civile peuvent manifestement se dire qu'ils sont surveillés par des services de police étrangers, surtout s'ils se déplacent pour participer à des manifestations dans d'autres pays. Ceux qui bloquent les voies ferrées pour manifester contre le nucléaire, s'en prennent aux fermes pratiquant l'élevage en batterie ou bloquent les autoroutes pour protester contre les frais d'inscription à l'université, tous ceux-là pourraient se retrouver dans la base de données Igast de la police criminelle allemande. L'Igast (International agierende gewaltbereite Störer) rassemble toutes les données possibles sur les "agitateurs potentiellement violents et actifs au plan international". Leurs moyens de communication et leur appartenance à différents groupes présentent donc un intérêt particulier. C'est ce que souligne le Conseil de l'UE dans un mémo.
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"Celui qui n'a rien à se reprocher n'a rien à craindre."
La police judiciaire de Wiesbaden a déjà plusieurs fois transmis à d'autres pays des informations concernant des manifestants allemands. De même la police allemande a-t-elle certainement donné des informations aux services américains à propos de Bünyamin E. Dans le premier cas, les manifestants allemands ont probablement été refoulés à la frontière mais, dans le second, un homme est mort.
Le mantra des autorités policières est toujours le même : "Celui qui n'a rien à se reprocher n'a rien à craindre." Dans ce contexte, cela semble absurde.
Le principe fondamental de la présomption d'innocence est balayé lorsque l'on établit à titre préventif le profil et les réseaux de chaque individu et que la police juge ces informations suffisantes pour appliquer une sanction.
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