Celui qui s’engouffre dans une impasse, ce n’est pas l’être humain, c’est l’homme qui, en produisant la marchandise, s’est produit lui-même comme objet marchand et a choisi le cours d’une histoire dont la barbarie illustre assez la part d’inhumanité qui domine en lui. Nous sommes dans une mutation où la civilisation marchande s’effondre et où s’esquisse, avec les douleurs de l’enfantement, une civilisation humaine.
Ce qui a sauvegardé l’énergie vitale de ces hommes, en proie aux pires atrocités, c’est qu’ils n’ont jamais cessé d’aspirer à devenir des êtres humains à part entière. L’homme prédateur, cet hybride d’angélisme et de bestialité a fait son temps. Nous allons renouer avec un devenir humain que l’apparition de la civilisation agraire et marchande a dévoyé en exploitant cupidement la nature terrestre et la nature de l’homme. Quel que soit le temps que cela prendra.
Christian de Duve, prix Nobel en médecine
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