Jacques Lusseyran a grandi à Paris et est devenu complètement aveugle à l'âge de huit ans. À la tête d'un important réseau de résistants, il fut arrêté par la Gestapo et interné au camp de Buchenwald de janvier 1944 à avril 1945. Sa vie fut empreinte de la conviction profonde que toute expérience est une occasion et que la joie et la tranquillité sont sans cesse disponibles en nous immédiatement et en abondance. Il nous parle ici du pouvoir de l'attention.
Un texte de 1959 :
L’autre jour, j’étais là-haut. Je touchais terre, mais si peu : tout s’ouvrait autour de moi, le ciel et les vallées. Je m’appuyais de tout mon corps sur l’air. J’entendais le vent glisser le long des pentes et jouer. J’entendais les pas immobiles des deux monts dressés. J’éprouvais la verticalité de l’espace et ses inflexions au fil des forêts et des roches. Je savais exactement où étaient toutes choses et je les suivais. Je voyais le paysage, et ceux qui étaient près de moi, avec tous leurs yeux, le voyaient aussi, le paysage, autrement, ni plus ni moins.
Illusion! Un aveugle peut entendre, toucher, respirer, deviner un paysage : il ne saurait voir. Allons! Je vous l’accorde : je ne le voyais pas, je le connaissais. Mais êtes vous suffisamment assurés de ce que vous faites de vos yeux, ou de ce que vos yeux font pour vous, pour affirmer péremptoirement la différence?
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